La réforme des diplômes d’État dans le champ du travail social est l’un des chantiers majeurs à suivre pour tous les acteurs de l’orientation, de la formation, de l’accompagnement professionnel et des établissements d’intervention sociale. Dans cet article, je décrypte les enjeux, les nouveautés, les inquiétudes et les opportunités à anticiper.
Le contexte
Les métiers du social — assistant·e de service social, éducateur·trice spécialisé·e, éducateur·trice de jeunes enfants, conseiller·ère en économie sociale familiale, etc. — évoluent rapidement. On observe :
- Une complexification des publics : précarisation, isolement, multifonctionnalité des interventions, …
- Une tension forte sur les recrutements et l’attractivité des métiers du social.
- Une demande croissante pour des compétences transversales, une adaptation des formations aux réalités du terrain.
Face à cela, l’Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) a lancé une refonte des diplômes d’État dans le travail social pour rendre les formations plus lisibles, plus adaptables et plus en phase avec les besoins du terrain.
Les grandes lignes de la réforme
Voici ce qui change ou va changer :
- Une refonte des référentiels des diplômes de niveau 6 (équivalent Bac +3) dans le secteur social.
- Introduction d’un socle commun de compétences et connaissances pour l’ensemble des formations du travail social, complété par un bloc métier spécifique.
- Facilitation des passerelles entre métiers : par exemple, une personne titulaire d’un diplôme pourrait, en validant seulement le bloc spécifique d’un autre métier, obtenir un autre titre dans le champ social.
- Nouvelle échéance : mise en œuvre prévue pour la rentrée 2026.
Pourquoi cette réforme ?
Plusieurs objectifs sont affichés :
- Apporter plus de lisibilité aux formations du travail social, souvent nombreuses et peu différenciées.
- Améliorer l’attractivité des métiers sociaux en offrant des formations plus modernes et des parcours plus fluides.
- Assurer un niveau de compétences élevé pour accompagner les nouvelles réalités sociales.
- Répondre à la mobilité professionnelle, favoriser les reconversions, fluidifier les parcours.
Les principales critiques et résistances
Toutefois, la réforme ne fait pas l’unanimité :
- Certains professionnels alertent sur une uniformisation excessive des métiers, au détriment de leurs spécificités.
- Le risque d’une baisse de la qualité des formations est évoqué : réduction des heures, suppression de semaines de stage, digitalisation accrue…
- Le processus de concertation est jugé comme peu transparent par certains syndicats ou organisations professionnelles.
- Le calendrier et l’ampleur du changement font craindre une phase de transition difficile, notamment pour les établissements de formation.
Impacts pour les jeunes en formation, les accompagnants et les institutions
En tant que consultante spécialisée en orientation et accompagnement, voici ce que j’en perçois :
- Pour les jeunes : ce sera un moment important pour choisir leur filière. Il faudra bien vérifier que chaque diplôme conserve ses spécificités, que les « passerelles » sont bien explicitées, et que la formation choisie répond à leur projet.
- Pour vous en accompagnement/coaching : l’orientation devra intégrer cette réforme – bien expliquer aux familles ce qui change, les implications en termes de durée, de contenu, de débouchés.
- Pour les établissements et formateurs : adaptation des référentiels, des contenus pédagogiques, des stages, des validations. Le travail d’ingénierie de formation va s’intensifier.
- Pour les recruteurs et acteurs du social : la réforme peut devenir un levier de renouvellement des professionnels, de fluidification des métiers, mais aussi un moment de vigilance quant à la qualité et à la reconnaissance des titres.
Questions à poser / à se poser
Lors d’un accompagnement d’un jeune ou d’une formation, voici quelques questions utiles :
- Le diplôme que je vise sera-t-il concerné par la réforme ?
- Quels sont les blocs communs et les blocs métiers spécifiques dans cette réforme ?
- Comment les stages et les volumes horaires vont évoluer ?
- Quelles sont les implications pour les débouchés professionnels ?
- La passerelle vers un autre métier du social est-elle réellement facilitée ?
- Les établissements de formation sont-ils prêts pour la nouvelle version du diplôme ?
- Comment valoriser cette nouvelle configuration dans un CV ou auprès des employeurs ?
La réforme des diplômes d’État du travail social représente une opportunité comme un changement notable. Elle peut permettre de moderniser les formations, de rendre les parcours plus fluides et les compétences mieux ajustées aux défis contemporains.
Mais elle suscite aussi des inquiétudes légitimes : perte de spécificité des métiers, qualité de la formation, reconnaissance professionnelle…
Pour les jeunes, les familles, les formateurs et les coachs en orientation, c’est un moment de vigilance et d’accompagnement renforcé : il faudra aider à bien comprendre ce qui change, à choisir en connaissance de cause et à anticiper les effets sur les parcours.
