Les mathématiques au lycée : entre réformes, inquiétudes et nouvelles perspectives

Depuis la réforme du lycée général initiée en 2019, les mathématiques occupent une place particulière dans les débats sur l’orientation scolaire. Suppression du tronc commun, spécialités à la carte, retour partiel dans le tronc commun en Première… Ce que certains perçoivent comme une modernisation, d’autres y voient une source d’inégalités croissantes.

Alors, où en est-on aujourd’hui ? Faut-il vraiment « reprendre les maths » ? Et comment s’y retrouver pour bien faire ses choix ?

Ce que la réforme a changé

Avant 2019, les mathématiques étaient enseignées à tous les élèves de la voie générale, avec des filières distinctes (S, ES, L). Depuis la réforme Blanquer :

• Il n’y a plus de filières, mais des enseignements de spécialité choisis dès la Première.
• Les mathématiques ne font plus partie du tronc commun en Première.
• Elles sont proposées en tant que spécialité dès la Première (4h/semaine), puis en Terminale (6h/semaine).
• Un enseignement optionnel appelé « mathématiques expertes » ou « mathématiques complémentaires » peut être choisi en Terminale.

Résultat : beaucoup d’élèves, en particulier les filles, abandonnent les maths après la Seconde, ce qui inquiète autant les enseignants que les filières sélectives du supérieur.

Moins d’élèves, plus d’inégalités ?

La réforme a eu plusieurs effets paradoxaux :

• Le nombre d’élèves suivant des mathématiques en Terminale a chuté, notamment chez les non-scientifiques.
• Les filles sont moins nombreuses à choisir ou à poursuivre la spécialité maths, amplifiant les écarts entre les sexes dans les filières scientifiques.
• Certains élèves découvrent trop tard qu’ils ont besoin des maths pour accéder à certaines formations (écoles de commerce, santé, psycho, IUT…).

Résultat : des jeunes brillants se retrouvent autocensurés ou désorientés dans leurs choix postbac.

Un retour partiel des maths en tronc commun

Face à ces critiques, le ministère de l’Éducation nationale a réintroduit en 2023 une option de mathématiques dans le tronc commun de Première générale, à raison d’1h30 par semaine.

Objectif : éviter les ruptures dans l’apprentissage, notamment pour les élèves qui hésitent à poursuivre la spécialité maths.

Mais cette mesure reste facultative, et sa mise en œuvre dépend des établissements. Les inégalités d’accès persistent.

Pourquoi les maths restent importantes (même sans vouloir faire ingénieur)

Les mathématiques ne servent pas uniquement à devenir scientifique. Elles développent :

• Le raisonnement logique,
• La résolution de problèmes complexes,
• La rigueur et la modélisation, utiles en économie, en psychologie, en santé, en gestion, en informatique…

De nombreuses formations du supérieur, même non scientifiques, valorisent un bon niveau en maths.

Par exemple :

• Les écoles de commerce attendent souvent maths complémentaires.
• Les filières santé et paramédicales incluent des statistiques ou de la bio-maths.
• Les licences de psycho ou de sciences sociales nécessitent de l’analyse de données.

Mes conseils aux élèves et aux familles

1. Ne supprimez pas les maths trop tôt : si vous hésitez sur votre orientation, gardez la spécialité au moins en Première.
2. Renseignez-vous sur les attendus des formations postbac sur Parcoursup : certaines demandent explicitement maths complémentaire ou maths expertes.
3. Faites-vous accompagner : un conseiller d’orientation ou un coach peut vous aider à évaluer vos besoins en fonction de vos projets.
4. Regardez plus loin que les notes : une moyenne moyenne en maths peut parfois suffire pour des filières non scientifiques, si vous montrez de la motivation et une cohérence de parcours.

Comment va se dérouler l’épreuve ?

Il s’agit d’une épreuve écrite de 2 heures, notée sur 20 points et sans calculatrice.

Elle comprend deux parties :

1. Un QCM (questionnaire à choix multiples) pour tester les automatismes – noté sur 6 points.
2. Deux ou trois exercices indépendants pour évaluer les connaissances plus approfondies – notés sur 14 points.

Chaque élève composera sur un sujet adapté à son parcours :

• Spécialité mathématiques (voie générale),

• Maths intégrées à l’enseignement scientifique (voie générale),

• Maths du tronc commun (voie technologique).

Et si l’élève ne réussit pas l’épreuve écrite ?

Une épreuve orale de contrôle est prévue :

• Elle dure 20 minutes, précédée de 20 minutes de préparation.

• L’élève répond à des exercices choisis par l’examinateur.

• L’objectif : permettre à l’élève de valoriser ses connaissances dans un cadre plus interactif.

Les mathématiques, bien plus qu’une matière redoutée, sont un outil puissant pour construire son avenir. La réforme du lycée a changé la donne, parfois au détriment de l’égalité des chances.

Mais en s’informant, en anticipant, et en osant demander conseil, chaque élève peut faire des choix éclairés — sans céder à la pression ni se brider dans ses ambitions.